Moments d'exeption habituels

Publié le par Claudius

Quelques moments privilégiés rendent les journées d'été paradisiaques chez moi.

 

Tout d'abord le matin, au lever, le petit déjeuner que nous prenons sur la terrasse dont le soleil prend possession au fur et à mesure des minutes qui passent. L'air a encore la virginité renouvelée quotidiennement de l'aube. L'atmosphère n'a pas encore recueilli les différentes senteurs qui vont peu à peu habiller la journée; les effluves du buisson-rosier, des haies fleuries et de la glycine sont présents au-dessus de la table du petit déjeuner. L'environnement auditif n'est pas encore pollué par les bruits de la journée; seuls les oiseaux ont la parole ainsi que le souffle d'air dans les branchages. Sur la table, pour Lucile : du jus d'orange, du beurre, du fromage, du pain grillé et un café au lait brûlant dont la peau se forme sur la surface de la tasse; pour moi, le jus d'orange également, une tranche de gâteau fait exclusivement pour ces repas matinaux : son de blé, son d'avoine, fruits secs, yaourts natures, épices diverses qui lui donnent son côté pain d'épices, cette tranche délicieuse est accompagnée de fromage blanc aux fruits et d'un grand bol de café noir. Ce moment est féérique, il fait la jonction entre la nuit reposante qui vient de se passer et la journée qui nous attend. Le silence du départ est petit à petit rompu par un bavardage mettant au point les activités qui vont suivre, celles de la veille qui ont été marquantes, l'étude de projets divers, bref, des conversations de couple heureux de vivre ensemble et d'apprécier de tels moments. Souvent, le repas terminé se prolonge de mots croisés en commun, continuant ainsi ce moment privilégié jusqu'à ce que le soleil insistant nous oblige à nous lever pour déplier la banne qui permettra à la grande baie vitrée de la pièce principale d'adoucir le soleil du sud qui viendra frapper la façade.

 

Plus tard, dans la journée, après le repas de la mi-journée intervient un moment un peu plus personnel. Installé sous la pergola avec une des revues ou un des magazines issus de mes abonnements ou de la médiathèque, je m'enfonce peu à peu dans une mini sieste. L'instant est calme également. Les jardins alentours sont désertés, les fous de la tondeuse pas encore enivrés par la possibilité de polluer l'atmosphère auditive, les enfants à l'école ou en vacances, ailleurs. Le fauteuil de jardin est pourvu de coussins confortables. Les articles parcourus sont courts et plaisants, rarement de l'actualité (j'ai un créneau en matinée pour ça); ça parle d'art ou de littérature ou de styles de vie. Le cerveau s'embrume tout doucement, le corps s'alourdit, l'esprit s'envole, la tête se vide. Cet état de demi conscience dure un quart d'heure, vingt minutes, une demi-heure au maximum. Cette petite sieste est suivie par un moment de torpeur, lui aussi bien agréable. La conscience est revenue, l'oeil se promène sans que le corps bouge; il suit l'insecte qui butine de fleur en fleur, s'attarde sur le parcours des plantes grimpantes qui ont remplacé la toile qui protégeait la pergola des rayons du soleil; il regarde la progression des rayons sur les jambes allongées. Et puis un bruit, le cri d'un enfant, une musique sortant d'une fenêtre entrouverte, une pie un peu plus jacassante vient clore cet instant de paix et signale qu'il est temps d'aborder les activités de l'après-midi.

 

Parfois, également, lors de certaines chaudes soirées d'été, un moment de soirée atteint le même degré de félicité; c'est plus rare, mais ça n'en est que plus appréciable. Tout le monde est couché, la lune éclaire doucement le jardin; une petite brise crépusculaire vient enlever les miasmes de la journée, des odeurs de mouillé chatouillent les narines. Une chauve-souris vient régulièrement recueillir sa pitance quotidienne d'insectes en trois ou quatre allers et retours au-dessus de la végétation qui se repose de la chaleur de la journée. Les narines doivent alors être réceptives pour ne rien manquer et les oreilles se reposent car aucun bruit, si ce n'est la sirène d'un train de nuit au lointain, ne vient troubler ce début de nuit. Seule la fatigue de la journée vient convaincre qu'il est temps d'interrompre ce moment de paix absolue et d'aller, par une une nuit réparatrice, préparer la journée du lendemain.

Publié dans Blog de vagues

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